La mort d'un Ami , Paul OTCHAKOVSKY-LAURENS,Editeur principal de Charles JULIET
05/01/2018
Didier Pobel , Charles Juliet, Paul Otchakovsky-Laurens
Paul et Charles, il s'agit une amitié qui n'a pas fait de bruit médiatique... Et on voit dans la presse du jour qu'elle n'est même pas mentionnée, au profit d'autres auteurs qui ont été plus visibles et sans doute plus rentables pour la maison d'édition. Ainsi sont les médias qui sans y prêter garde ne résument les destins qu'en retenant les riches heures d'une vie d'éditeur en occultant l'humus des belles rencontres et des fidélités sincères. Avec la notoriété réciproque, les moments complices se sont espacés, entre Paul et Charles l'un à Paris, l'autre "en Province" comme il me l'a dit ce matin avec un petit sourire. Ils parlaient de tout... Il s'estimaient depuis le début de la maison d'édition, au point que Charles a renoncé parfois à ses droits d'auteur pour que l'aventure éditoriale continue. Paul n'avait probablement pas projeté de mourir si tôt en laissant tout le monde en rade avec des manuscrits , des livres à paraître, des promesses peut-être, des rendez-vous qui n'auront jamais lieu, des courriers auxquels les réponses sont devenues impossibles. Mais la tristesse de Charles est là, digne, discrète, calme , l'onde de choc de la nouvelle l'atteint sans altérer sa sagesse. Paul était son ami, il restera son ami. Il n'ose pas appeler Jean-Paul HIRCH, pressentant que c'est lui qui va assumer une grande partie des "choses à faire" autour de cette disparition inattendue... Comment entrer dans le bureau de Paul sans frissonner... Comment soutenir la famille et la nouvelle épouse encore en soins, dont les nouvelles ne filtrent pas... Qu'est devenu le conducteur qui a percuté leur voiture ? On ne parle que des gens célèbres... mais on en parle de façon hâtive et biaisée... Paul ne se prenait pas au sérieux, et il laisse pourtant deux films autobiographiques , qui semblent un peu tardifs... Ils vont prendre toute leur place même s'ils parlent désormais à sa place, avec une part d'ombre qu'il a reléguée au maximum, ce n'est pas l'histoire qui compte, c'est le contenu qui donne la forme, et celle-ci séduit ou non... Rien n'est gagné à l'avance, et perdre fait partie de la rencontre avec le texte, avant même la personne qui a écrit le texte... Après c'est du compagnonnage discret, de la bienveillance, de la distinction, de la galanterie affectueuse... Paul est vivant dans le coeur de Charles. Il n'écrira pas à chaud sur l'événement de son éloignement physique...
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